« Brouiller les cartes - Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas - Neutre est le seul genre qui me convienne toujours. S’il existait dans notre langue on n’observerait pas ce flottement de ma pensée »
Aveux non avenus, 1930.
Dès 1910, Claude Cahun se travestit en homme. Dans ses photographies, elle se met en scène en interprétant des personnages androgynes et fantaisistes. En effet, lorsque nous regardons ses clichés, nous ressentons une hésitation sur son identité sexuelle. L’artiste joue avec son apparence grâce à son comportement, ses postures, ses habits, ses accessoires et ses cheveux. A travers ses œuvres, elle n’évoque ni le genre féminin ni le genre masculin dictés par les codes vestimentaires du début du XXe siècle. Ainsi, elle renvoie une image neutre. Changer de sexe dans les arts plastiques montre que la distinction entre l’homme et la femme n’existe pas. En combinant, les attributs des deux genres, Claude Cahun crée un nouveau genre : le neutre. Par ailleurs, son nom d’artiste « Claude » est à la fois un prénom masculin et féminin.
Le travestissement de Claude Cahun n’est pas seulement un acte artistique, il est un moyen d’intégration sociale. Dans les années 1930-1940, il est difficile pour des femmes de rentrer dans un cercle d’artistes ou d’intellectuels à cause de leur sexe, vu comme inférieur. De nombreuses artistes, comme Rosa Bonheur et Frida Kahlo, adoptent alors un comportement ou une apparence masculine pour intégrer ces milieux masculins. Claude Cahun abandonne tous attributs dits féminins comme les cheveux longs, les robes ou même les postures. Ce renoncement à la féminité lui permet d’accéder à des privilèges sociaux qui lui sont normalement interdits.